À Genève, la transition énergétique s’invite dans les urnes. Le 18 mai prochain, les citoyennes et citoyens devront trancher entre deux visions de l’énergie solaire: une initiative jugée radicale, portée par les Vert’libéraux, et un contre-projet soutenu par le Grand Conseil, plus souple et plus ciblé. Deux approches, un même objectif: accélérer le développement du solaire, mais à quel prix, et avec quelles conséquences pour le paysage et le patrimoine genevois?
La Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève (CCIG) livre une analyse fouillée et sans détour dans le journal Genève Économie. Décryptage👇
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Énergie solaire: la solution extrême ou pragmatique?
Les Genevois voteront le 18 mai 2025 sur deux visions de la transition énergétique: l’initiative populaire « Pour une transition rapide vers le solaire à Genève » (IN 191) et son contre-projet intitulé « Dynamisons la production d’énergies renouvelables ». Si les deux propositions partagent un objectif commun – accélérer le développement de l’énergie solaire -, leurs approches diffèrent radicalement en termes de faisabilité, d’impact esthétique et d’efficacité.
UNE INITIATIVE RADICALE
L’initiative 191, portée par les Vert libéraux, mise sur une transformation rapide et généralisée. Elle impose notamment l’installation obligatoire de panneaux solaires photovoltaïques sur toutes les surfaces adaptées des bâtiments existants et futurs, y compris les façades et balcons. Cette obligation s’accompagne d’une restriction à la protection du patrimoine avec une application minimale des règles fédérales et d’un souhait de garantie cantonale du prix de rachat de l’électricité produite.
Trop généralisée, cette approche ne tient pas compte de l’efficacité réelle des installations:
certaines surfaces ne sont pas adaptées à une production optimale. Elle ignore les technologies alternatives, comme les panneaux solaires thermiques, plus judicieux dans certains cas.
L’impact esthétique est au cœur des préoccupations. La généralisation des panneaux solaires pourrait métamorphoser le paysage urbain et rural genevois, avec jusqu’à 80% des façades et toitures recouvertes de panneaux noirs. Enfin, le souhait d’une garantie du prix de rachat n’est pas du ressort cantonal.
LE CONTRE-PROJET : UNE ALTERNATIVE PRAGMATIQUE
Face aux limites de l’IN 191, le Grand Conseil a élaboré, à la demande du Conseil d’État, un contre-projet plus équilibré. Il privilégie une approche ciblée sur les surfaces les plus productives: celles des grands consommateurs en zones industrielles et les toitures d’immeubles neufs ou en rénovation.
Cette stratégie maximise l’efficacité énergétique tout en limitant l’impact visuel.
La protection du patrimoine est prise en compte en définissant précisément les cas nécessitant une autorisation de construire, cela permet de simplifier les démarches administratives car, dans ce cadre strict, 89% des installations conformes aux critères définis pourront être réalisées sans autorisation préalable.
En matière de financement, le contreprojet propose des mesures incitatives réalistes telles que des cautionnements, des subventions et des dégrèvements fiscaux. Contrairement à l’initiative, il aborde la question du raccordement au réseau électrique, avec un partage équitable des coûts entre propriétaires et Services industriels de Genève (SIG).
UN CHOIX ENTRE COERCITION ET INCITATION
Tandis que l’initiative impose des obligations généralisées sans distinction ni prise en compte du potentiel énergétique des bâtiments, le contre-projet mise sur une approche flexible qui équilibre les impératifs énergétiques avec les contraintes économiques et patrimoniales.
Accepté à l’unanimité au Grand Conseil, le contre-projet est jugé plus réaliste et efficace pour atteindre les objectifs ambitieux de production solaire tout en préservant la qualité de vie et le patrimoine genevois.
Le 18 mai prochain, en votant OUl au contre-projet, les Genevois choisiront une transition énergétique pragmatique et respectueuse du territoire. Un NON à l’IN 191 permettra d’éviter une solution trop extrême et impraticable.
Genève Économie à feuilleter:
- Edito de Romain Duriez, directeur opérationnel et directeur général adjoint (CCIG) en Une
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